L'inclusion est-elle possible pour tous? Et pour l'autisme?

LezAPe : Handicap et inclusion scolaire

Le 18/01/22, nous avons vu des politiciens s'agiter autour de la question de l'inclusion à l'école des enfants handicapés. Mme Sophie CLUZEL, Secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, s'indignait en tête de file que l'on puisse dire NON à l'inclusion pour tous, dénonçant un manque d'humanité et une brutalité chez ceux qui sont pour la création de structures dédiées aux enfants ayant un lourd handicap.

Alors? Tous les enfants doivent-ils bénéficier d'une école "standard" comme l'exige la loi du 11 février 2005 relative à l'égalité des droits, des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées?

Quelle est la réalité aujourd'hui de cette inclusion?

Tous les handicaps doivent-ils être traités à la même enseigne? Et qu'en est-il de l'autisme?

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La réalité de l'autisme?

Madame Sophie CLUZEL a-t-elle réellement en tête ce que représente un trouble autistique sévère? A entendre les beaux discours moralisateurs et humanistes, l'on pourrait croire qu'il suffit de décréter, puis d'inscrire dans la loi les choses, pour que Ô miracle, il soit possible d'inclure dans une classe ordinaire un enfant qui attrape tous les objets sur lesquels son regard se pose pour les détruire. Car pour les autistes les plus sévères en effet, il faut bien comprendre que l'ampleur de leurs troubles nécessite un marquage individuel de tous les instants. Sourds à tous les interdits, et incapables de tenir plus de 30 secondes sur une chaise, une intervention physique est systématiquement requise pour les empêcher de commettre toutes sortes d'actes interdits. Il s'agit pour les adultes d'avoir une hyperviligance éreintante. Il suffit honnêtement d'observer l'état d'épuisement de certains parents venant nous consulter pour le savoir. Oui, l'autisme appartient au domaine du handicap psychique, et pour les cas les plus graves, il faudrait envisager des moyens dont beaucoup n'ont pas idée pour réussir l'inclusion pour tous qui est fantasmée aujourd'hui.


Le handicap psychique. Qu'est-ce que c'est?

Il se traduit par des troubles du comportement qui vont de modérés à sévères. Lorsqu'ils sont sévères, comme c'est le cas pour certains jeunes autistes, il faut avoir conscience que même le plus chevronné des professionnels ne serait pas en mesure de les réduire suffisamment pour qu'il soit possible qu'ils tiennent dans une classe 7 heures par jour. Alors imaginez le résultat lorsque ces jeunes sont confiés à des AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) ou AESH (Accompagnantes d'Elèves en Situation de Handicap) non qualifiées, non formées, et sous-payées? Car la réalité que ces indignés ignorent, est que personne n'a trouvé la parade à ces déambulations infernales, ces acrobaties sans filets, ces objets que l'on fait tournoyer et rebondir à l'infini... Comment appréhender les cris à la moindre frustration, les bains sonores qui vont avec les va et vient ininterrompus, l'agressivité aussi, soudaine, qu'on ne comprend pas, la propreté non acquise à un âge tardif, l'absence de langage et de compréhension...

Quand le handicap est sévère en effet, il faut savoir s'incliner devant l'évidence de besoins spécifiques et non s'engluer dans une idéologie philantropique qui voudrait nous faire croire qu'au nom de l'égalité des chances pour chaque humain, il faudrait coûte que coûte maintenir ces enfants dans un système scolaire classique. Et oui, selon le genre et la gravité du handicap, n'en déplaise à Madame la Secrétaire d'Etat, il est possible ou non d'envisager une scolarité dans une classe ordinaire. 


Pour quelles raisons?

>> Parce que l'enfant autiste qui souffre d'un handicap psychique important ne progresse pas pendant tout le temps où il est scolarisé dans une classe ordinaire. Il lui faudrait en effet un enseignement individualisé comme le préconise l'ANESM (L'agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) et spécialisé, ce que ni l'enseignante, ni l'AVS, sont en mesure de lui fournir. Un temps précieux est donc perdu. Avant de maintenir un enfant dans une classe ordinaire, il faut donc se demander si on lui rend service ou pas. Les ESS permettent en général de faire cette évaluation et d'accompagner les parents pour prendre la bonne décision.

L'ESS (équipe de suivi de la scolarisation) comprend l'ensemble des personnes qui concourent à la mise en œuvre du PPS (projet personnalisé de scolarisation). Sont présents, l'élève handicapé et ses parents, l'enseignant référent, les enseignants de l'élève (y compris les enseignants spécialisés de l'établissement médico-social), les AESH, les professionnels de santé (y compris ceux issus du secteur libéral) et les professionnels des services sociaux. Le chef d'établissement et le psychologue scolaire sont également présents lors des ces réunions annuelles.

Il est bien sûr toujours douloureux pour un parent de devoir admettre que les troubles dont souffre son enfant sont trop importants pour permettre un maintien à temps complet en milieu ordinaire. Certains enfants autistes voient en effet leur temps de scolarisation réduit jusqu'à 1 ou 2 demi-journées par semaine seulement. Mais pour avoir participé de nombreuses fois à ces réunions, il faut bien dire qu'on aide ces parents à cheminer et à percevoir ce qui est le mieux pour leur enfant. N'est-il pas préférable que l'enfant sévèrement touché puisse bénéficier d'une structure adaptée à mi-temps lui permettant de faire les apprentissages qu'il ne fait pas à l'école?

Nous aimerions en effet qu'il soit possible de les maintenir au prix de gros moyens dans leur école, mais ne manquerions-nous pas alors d'humilité face à l'intensité de leurs troubles?

>> Parce que l'enfant autiste qui souffre d'un handicap psychique important souffre terriblement de devoir subir 7 heures durant les contraintes que lui impose le cadre scolaire. Il souffre de ne pas parvenir à faire ce qu'on lui demande, mais souffre aussi comme ses parents, d'être celui qui dérange les autres.

>> Parce que l'enfant neurotypique quant à lui, peut aussi être en difficulté pour se concentrer et apprendre, lorsque son voisin est une pile électrique qui tourne autour de lui, fait du bruit sans arrêt, et parfois même le frappe ou lui déchire sa feuille plusieurs fois au cours d'une journée. Je veux bien qu'on demande à cet enfant et à sa famille de faire montre d'ouverture d'esprit et de générosité. Mais ne doit-il pas y avoir une limite à cette demande? Et peut-on soulever cette question sans paraître dépourvu d'empathie?

Voilà qui me fait dire, avec toute la compassion que j'ai pour les parents d'enfant ayant un handicap très lourd, qu'il est parfois préférable pour cet enfant qu'il bénéficie d'une structure spécialisée qui lui soit dédié. Alors, il ne s'agit pas en effet de la belle inclusion pour tous vendue par Mme CLUZEL, mais je demande à tous ceux qui s'indignent de répondre à cette unique question : Qui fait les frais au final de cette inclusion sans nuances ni concessions?



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Jean-Luc ROBERT Psychologue à LezAPe
Psychologue spécialisé dans les Troubles du Spectre Autistique

Auteur du livre : Ma vérité sur l'autisme, Jean-Luc ROBERT, N° ADELI : 779301076, consacre essentiellement sa carrière à l'étude et au traitement des troubles du comportement des enfants, notamment des autistes.


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